C'EST QUOI LES COMMISSIONS PERMANENTES?
Pour travailler plus efficacement, les députés sont partagés en huit groupes de travail principaux, les commissions permanentes - on les appelle "permanentes" par rapport à d'autres commissions qui peuvent être créées ponctuellement pour un besoin précis.

Ces huit commissions dégrossissent les projets de loi avant qu'ils n'arrivent devant l'ensemble des députés dans l'hémicycle.
Chaque commission est spécialisée sur une thématique très large. Quand un projet de loi arrive à l'Assemblée, on l'assigne à la commission qui correspond le mieux. Il y a la commission des Lois, la commission des Finances, la commission des Affaires sociales, la commission des Affaires culturelles et de l'Education, la commission des Affaires économiques, la commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, la commission des Affaires étrangères, et la commission de la Défense.
Un exemple à l'automne 2022 : le projet de loi «Mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi» est passé par la commission des Affaires sociales. Les députés qui en sont membres l'ont débattu, et légèrement modifié, lors de plusieurs réunions de la commission en septembre 2022.
Ensuite, en octobre, il a été discuté, et encore un peu modifié, par l'ensemble des députés au cours de plusieurs séances en hémicycle.
Chaque député appartient à une commission permanente, et une seule. Généralement ils essayent d'être dans la commission qui correspond plus ou moins à leurs centres d'intérêts ou à leurs compétences.
Une version miniature de l'hémicycle
La proportion de députés de chaque groupe dans l'hémicycle est reproduite dans chaque commission - c'est imposé par le règlement. On retrouve la même majorité, la même opposition. Les débats y sont juste un peu plus calmes, et les députés présents sont un peu plus impliqués sur les sujets qui y sont discutés.
Pour illustrer, voici la répartition actuelle des groupes dans tout l'hémicycle (575 députés) : On retrouve à peu près la même répartition par exemple dans la commission des Finances (70 députés) :
DR
ECOS
EPR
GDR
LFI-NFP
UDR
SOC
LIOT
DEM
HOR
RN
NI
Ou dans la commission des Lois (73 députés) :
Etc.
Ce qui se passe en commission pour un texte de loi donné permet donc de deviner facilement ce qui se passera dans l’hémicycle . Si un texte de loi est adopté par la commission (avec éventuellement des modifications), il sera ensuite généralement adopté par l’hémicycle avec peu de nouvelles modifications . S’il est rejeté par la commission, on le présente quand même dans l’hémicycle, mais il y sera probablement rejeté.
Ne pas confondre
Quand on parle des "commissions", on parle typiquement des commissions permanentes.
Pour un certain projet de loi, on parle parfois de la commission sur le fond, c'est la commission permanente principale qui travaille sur ce texte. C'est pour la distinguer des éventuelles commissions pour avis, ce sont d'autres commissions permanentes à qui on demande leur avis sur le texte, en complément.
Par exemple, début 2016, le travail sur le projet de loi «Economie : pour une République numérique» est confiée à la commission des Lois en tant que commission sur le fond. Mais trois autres commissions (Affaires culturelles, Affaires sociales, Affaires économiques) ont aussi travaillé dessus, en tant que commissions pour avis.
Il existe aussi à l'Assemblée des commissions spéciales. Elles sont créées au cas par cas, temporairement, pour s'occuper d'un projet de loi en particulier. Elles remplacent la commission permanente uniquement pour ce texte.
Par exemple, en 2020 le projet de loi «Accélération et simplification de l’action publique» a été confiée à la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique.
Il y a aussi pour certain projets de loi une commission mixte paritaire. Quand les députés à l'Assemblée et les sénateurs au Sénat n'arrivent pas à s'accorder sur même version du texte, on finit souvent par créer une petite commission dédiée pour obtenir une version finale du texte. Elle est dite mixte car elle contient à la fois des députés et des sénateurs, et paritaire parce qu'elle contient autant des uns que des autres : 7 députés, 7 sénateurs.
Par exemple, fin 2022 le projet de loi «d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur» a fini par passer par la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur.
Il y a aussi les commissions d’enquêtes. Celles-ci n'ont rien à voir avec l'élaboration de la loi. Elles sont créées ponctuellement pour investiguer pendant quelques mois un sujet de société, ou la gestion d'un service public par exemple, puis elles écrivent un rapport qui est présenté au reste de l'Assemblée.
Par exemple, en début d'année 2023, il y a eu une commission d’enquête relative aux révélations des Uber Files : l’ubérisation, son lobbying et ses conséquences.